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A qui profite la prolongation du Sommet de Kampala ? ...

Les Congolais dans le brouillard Kivu : le « match » se joue ailleurs
 

Le Phare
Lundi, 18 Février 2013



Depuis le 09 décembre 2012, c’est-à-dire plus de deux mois, aucune avancée significative n’a été enregistrée à Kampala entre le gouvernement congolais et le M23, dans le cadre des négociations visant à résoudre la crise politico militaro-sécuritaire qui secoue le pays à compter de mars-avril de l’année passée. Tout au plus, un fantôme inexistant au moment de la signature de l’Accord du 23 mars 2009 a réussi à se l’approprier et à s’imposer comme interlocuteur du pouvoir en place à Kinshasa.

L’infertilité du dialogue des sourds entre délégués de Kinshasa et de Bunagana a fini par convaincre plus d’un compatriote que le « match » entre les deux parties se joue ailleurs. Lorsque l’on s’efforce de bien lire le signes du temps, l’on se rend compte qu’un nouveau décor de la situation politique, militaire, sécuritaire, sociale et économique est en train d’être planté loin des frontières congolaises.

Sommets et réunions sans lendemain …

Avant comme pendant les négociations de Kampala entre les délégués de Kinshasa et les rebelles du M23, le dossier congolais fait l’objet de sommets, réunions et visites qui n’en finissent pas. L’Union Africaine, la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs), la Francophonie, la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe) ne cessent de peaufiner des plans de pacification de l’Est du Congo et de consolidation de ses institutions politiques, sans succè

Les présidents du Rwanda, de l’Ouganda, de la Tanzanie, de la Zambie, du Mozambique, de l’Angola, du Congo/Brazzaville ont déjà eu à échanger aussi bien à travers des conciliabules que des concertations élargies pour tenter d’éteindre le brasier de l’Est du Congo, sans y parvenir. Les discours développés par les « amis » du Congo en faveur de la paix, notamment par la traque des forces négatives, sont loin d’être traduits dans des actes.

L’on se demande au fond si les chefs d’Etats membres de la CIRGL ou de la SADC, dans leurs rencontres en aparté, partagent la même vision de la paix en particulier et des questions politiques, économiques et sociales en général, que les officiels congolais. Le refus des uns et des autres à signer l’Accord-cadre sur la paix en RDC, lors du sommet de l’UA, le 27 janvier 2013 à Addis-Abeba, en présence du Secrétaire général des Nations Unies, était fort révélateur de ce que les autres pensent du Congo.

Les sons discordants constatés entre les Nations Unies et la SADC, dans rapproche du projet de déploiement de la Force Internationale Chargée de combattre les forces négatives, dont le M23, au Nord-Kivu, sont suffisamment édifiants sur les enjeux cachés des promesses d’appui des uns et des autres au Congo. Les autres pensent à tout, sauf aux avis et considérations des Congolais sur les problèmes politiques, sécuritaires, économiques et sociaux de leur pays.

Sécurité : la RDC hors jeu

S’agissant par exemple de la situation militaire et sécuritaire, les Nations Unies ne parlent pratiquement plus de la réforme urgente de l’armée nationale et des services de sécurité congolais. Le projet parait relégué au second plan, au profit du déploiement d’une Brigade spéciale d’intervention rapide â placer sous le label de la Monusco. Le projet de surveillance aérienne de la frontière congolo-ougando-rwandaise par des drones tient plus que jamais la route. Les Congolais - officiels comme populations - apprennent par des bribes que celle brigade spéciale serait la réponse appropriée aux plaintes de l’Ouganda et du Rwanda au sujet de la déstabilisation de leurs territoires par des forces négatives telles que la LRA (Armée de Résistance du Seigneur) et les FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) ayant pour base arrière le sol congolais. Le même dispositif sécuritaire onusien aurait également pour objectif de faire le monitoring des incursions rwandaises et ougandaises ou des rébellions instrumentalisées par Kampala et Kigali, en terres congolaises.

Non seulement, la République Démocratique du Congo ne maîtrise pas les contours du dispositif spécial de sécurité imaginé par les Nations Unies pour le retour de la paix et de la stabilité dans sa partie Est, mais en plus, elle ne sait pas, si les «forces négatives» présentes sur son sol seront effectivement éradiquées ou vont continuer de bénéficier d’un régime particulier « d’observation et d’accompagnement », comme c’est le cas avec la Monuc-Monusco depuis 1999.

Vers Sun City/bis

Au plan politique, les Congolais s’interrogent sur la potion magique qui va leur être appliquée. Même si les officiels congolais multiplient, à Kinshasa comme à Kampala, des déclarations faisant état de tout refus de débat autour de l’architecture institutionnelle mise en place sur pied de la Constitution du 18 février 2006, révisée en janvier 2011, tout le monde sent que le vent pourrait tourner autrement dans les jours et semaines à venir. Lorsque le médiateur Museveni soutient que les «frères ennemis » devraient tout mettre sur la table si l’on veut que la RDCongo obtienne des résultats positifs à Kampala... lorsque le M23 menace de reprendre ses conquêtes territoriales en cas d’échec des négociations.., lorsque Kagame affirme que le grand Congo est un problème pour le Rwanda et ses voisins, cela signifie que l’initiative du retour de la paix au Nord-Kivu, de la sauvegarde de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de leur pays n’appartient plus aux Congolais.

Quand d’éminents analystes et personnalités politiques comme l’Américain Carson, Secrétaire d’Etat adjoint chargé de l’Afrique, soulignent que les recettes expérimentées dans l’ex-Yougoslavie et l’ex-Soudan restent valables pour la RDC, cela devrait faire réfléchir plus d’un Congolais.

Comme en 2002 et 2003 en Afrique du Sud, un « prêt-à-porter » est probablement en gestation dans une capitale africaine ou occidentale pour l’avenir du Congo.

Kimp
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