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République Centrafricaine: L’homme est parti en abandonnant ses courtisans qui ne savent plus à quel saint se vouer ...

Changements de régimes en Afrique : la victoire est au bout des fusils

 


Un changement de régime est en cours en . François Bozizé, l’homme qui s’était payé le scalp d’Ange Félix Patasse au terme de combats qui avaient vu tour à tour soldats libyens et miliciens du MLC donner de la voix, a quitté Bangui samedi soir, en pleine obscurité, pour un refuge sur les terres de Jean-Pierre Bemba, celui-là même que le dictateur de Bangui avait expédié à la Cour Pénale Internationale où il a déjà célébré cinq fois son anniversaire de naissance.

 


L’homme qui préparait fiévreusement sa reconduction ininterrompue à la magistrature suprême de la RCA n’a pas compris qu’il jouait, à la suite des accords de Libreville avec la coalition du Séléka, une partition de trop dans un contexte marqué par le ras-le-bol général de la population, éternel dindon des politiques de prédation toujours à la mode dans des régimes autocratiques.

 


Invité à desserrer la vis, à libérer les prisonniers d’opinion, et à laisser le peuple et les hommes politiques s’exprimer en toute liberté, Bozizé a tenté, encore une fois, de porter les habits du boulanger pour rouler tout le monde dans la farine. Le problème, c’est qu’il avait affaire à des hommes convaincus qu’avec les dictateurs, il faut parler le seul langage qu’ils comprennent : celui des armes. Et c’est ce qui est arrivésamedi soir. Les rebelles du Séléka ont repris les armes pour progresser en direction de la ligne rouge tracée par les pays de la Cemac, sans rencontrer de véritable résistance. Le verrou a fini par sauter malgré l’interposition des Sud-Africains, qui ont perdu 14 hommes dans l’affrontement. Et lorsque, à la nuit tombée, est survenue une inexplicable infidélité de l’électricité dont l’absence a plongé les habitants de la capitale centrafricaine dans l’angoisse, les décrypteurs des événements avaient compris que le sort du dictateur était scellé. L’homme l’a compris aussitôt et s’est sauvé en traversant précipitamment la frontière pour se mettre hors d’atteinte.

 


La fuite de Bozizé, formellement confirmée par les rebelles après la conquête du palais présidentiel dans la journée de dimanche, n’a été regrettée par personne. Bien au contraire. La France, ancienne puissance coloniale, s’est contentée de confirmer la fuite du dictateur vers la RDCongo avant de donner des consignes de sécurité à ses ressortissants. L’homme est parti en abandonnant ses courtisans qui ne savent plus à quel saint se vouer mais qui espèrent que les garants des accords de Libreville pourront appuyer davantage sur le bouton de la réconciliation nationale pour leur ouvrir un espace d’expression.

 


Pour autant, les circonstances du départ de Bozizé constituent un mauvais signal pour les forces démocratiques du continent. Dans la mesure où elles se rendent compte du peu d’influence que représente la bataille d’idées. En Afrique, hormis de rares exceptions, on tient à peine compte des projets de société des partis politiques. On écoute au contraire le crépitement des armes. C’est contre cette dérive qu’il faut mener la vraie bataille, faire passer le message de l’Etat de droit et obtenir de tous l’intériorisation et le respect des règles démocratiques. L’Afrique doit en effet cesser d’être le champ d’expérimentation des politiques d’infantilisation et de soutien aux prédateurs.

 


L’autre leçon à retenir concerne la circulation incontrôlée des armes et leur utilisation comme moyen d’accession au pouvoir. Au moment où les praticiens du terrorisme montent à l’assaut de notre continent,  celles-ci favorisent l’implantation d’un environnement difficilement maîtrisable. De sorte qu’au bout du compte, ce n’est pas seulement l’Afrique qui sortira perdante de cette inversion des valeurs, mais aussi, tous ceux qui tiennent à imposer à nos pays un statut unique, celui de pourvoyeurs des matières premières. Que chacun veut acheter à vil prix.


Polydor MUBOYAYI

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