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De la Syrie, parlons-en ... (2)

Russie : Poutine, l’heure de la revanche a sonné

Par Olivier Ravanello


"Ce n’est pas un G8, c’est un G7 plus 1". Le diplomate qui lâche cette phrase en marge de la réunion des chefs d’Etat en Irlande du nord a tellement raison. Mais plus encore que cela. "G7 plus 1", c’était aussi le nom donné au G7 où pour la première fois la Russie avait été invitée. G7 plus un strapontin pour la Russie. Boris Eltsine était en bout de table, "accepté" par les grandes puissances qui lui expliquaient qu’un jour, s’il suivait bien les conseils du FMI et des libéraux, il pourrait un jour être membre de plein droit. Aujourd’hui, le rapport de force est inversé. Poutine est seul, mais il tord le bras aux autres, impuissants devant son refus de céder sur la Syrie. Il est dans le rôle, dans le camp des méchants mais qu’importe ! Il a enfin ce qu’il cherche depuis des années : il tient la dragée haute aux Américains et aux Européens. C’est l’heure de sa revanche.

Pendant 20 ans, le monde a tourné sans se préoccuper vraiment des Russes, bien soulagés d’avoir tourné la page de la guerre froide. L’URSS s’était écroulée. À Moscou, on n’avait qu’une préoccupation. Ne pas sombrer corps et biens dans les limbes de l’histoire, préserver son territoire, son économie et basculer dans ce monde inconnu qu’était le libéralisme. Les Américains avaient la main haute sur l’ONU. Il suffit que Washington prenne le temps de discuter avec la vieille Europe, de lui montrer son respect, d’écouter ses conseils et c’était plié. On était passé d’un monde bipolaire (USA/URSS) à un monde sous leadership américain. Le charisme de Bill Clinton suffisait à faire passer la pilule. Pour intervenir au Kosovo, l’ONU a été laisséz de côté et c’est sans mandat international que l’OTAN a mené avec l’accord de l’Europe l’opération militaire. Avec G. Bush, les choses ont commencé à se compliquer. Sa brutalité à succédé au charme de Clinton. Les russes n’avaient pas les moyens de s’opposer.

Les Russes ont le sentiment de s’être fait rouler dans la farine

Aujourd’hui, les Russ
es ont parfaitement intégré les règles du libéralisme. Trop bien même au goût de certains ! Sur la scène internationale, la Russie a progressivement poussé ses pions. Elle devenait de plus en plus raide, mais on pouvait encore discuter avec elle. La ligne rouge a été franchie avec la Libye. La Russie ne voulait pas renverser Kadhafi. Dans l’esprit des Russes, l’intervention de l’ONU pour protéger les populations civiles était censée être un avertissement. Rien de plus. Moscou a donc laissé faire et s’est abstenu, permettant à l’ONU le vote de la résolution. On connait la suite. Changement de régime à tripoli, et des Russes qui ont eu le sentiment de s’être fait rouler dans la farine par les Américains et les Français.

Poutine prend donc sa revanche. Il ne lâchera pas le régime syrien. Par intérêt, un peu. Par peur de voir toute la région tomber aux mains des islamistes comme en Egypte aussi. Mais surtout pour dire haut et fort aux puissances du G7 "nous sommes de retour et il va falloir compter avec nous". Ce G8 marquera sans doute la fin d’une parenthèse au final assez confortable pour les Américains et les Européens. Le monde redevient multipolaire et l’émergence de la Chine, de l’Inde ou du Brésil va encore accentuer le mouvement. Et un monde multipolaire comme il y a deux siècles, c’est bigrement plus compliqué...

La Syrie, sujet épineux entre Obama et Poutine en marge du G8

Reuters – lun. 17 juin 2013

Reuters/Reuters - En marge du sommet du G8 en Irlande du Nord, Barack Obama va tenter de convaincre Vladimir Poutine d'amener Bachar al Assad à la table des négociations pour mettre fin à deux années de guerre …plus civile en Syrie. /Photo prise le 7 juin 2013/REUTERS/Kevin Lamarque moins

LOUGH ERNE, Irlande du Nord (Reuters) - Barack Obama va tenter à partir de lundi, en marge du sommet du G8 en Irlande du Nord, de convaincre son homologue russe Vladimir Poutine d'amener Bachar al Assad à la table des négociations pour mettre fin à deux années de guerre civile en Syrie.

Le président américain et le chef du Kremlin ne se sont pas rencontrés en tête à tête depuis un an et leurs retrouvailles s'effectuent dans un climat tendu, alors que Washington a promis un soutien militaire aux rebelles syriens.

Moscou, allié indéfectible de Damas pour des raisons stratégiques, a exprimé son mécontentement de voir les Etats-Unis sortir de la réserve prudente qu'ils observaient jusqu'alors dans ce conflit.

Lors d'entretiens avec le Premier ministre britannique David Cameron à Londres dimanche, Poutine a renouvelé ses critiques à l'égard de la position occidentale, avec un ton peu conciliant.

"Je pense que vous ne nierez pas qu'il est inutile de soutenir des gens qui non seulement tuent leurs ennemis, mais leur ouvrent aussi le ventre pour leur manger les intestins devant le regard des caméras", a déclaré Poutine lors d'une conférence commune avec Cameron.

Le président russe faisait référence à une vidéo diffusée sur internet montrant un rebelle syrien arracher le coeur d'un soldat mort et mordre dedans.

"Est-ce ces gens que vous voulez soutenir ? Est-ce à eux que vous voulez fournir des armes ?"

La Russie rejette les affirmations des Occidentaux selon lesquelles les troupes syriennes ont fait usage d'armes chimiques, franchissant ainsi une "ligne rouge" tracée par les Américains.

Moscou s'inquiète de l'annonce par Washington du maintien de chasseurs F-16 et de missiles Patriot en Jordanie, à la demande du gouvernement d'Amman.

Ces équipements pourraient être employés dans la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en territoire syrien, le long de la frontière jordanienne, pour protéger des civils et des rebelles qui ne cessent de perdre du terrain face aux troupes pro-Assad soutenues par des combattants du Hezbollah libanais.

ÉVASION FISCALE

Depuis son retour à la présidence de la Russie en 2012, pour un mandat de six ans, Poutine a adopté une rhétorique beaucoup plus agressive à l'égard de l'Occident.

La Syrie devrait dominer les discussions pendant les deux jours du sommet lundi et mardi, mais les questions économiques seront également présentes lors de la réunion des dirigeants de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, du Japon, de la France, de l'Allemagne, du Canada, de l'Italie et de la Russie.

Ensemble, les pays du G8 représentent un peu plus de la moitié de l'économie mondiale estimée à 71.700 milliards de dollars.

Le rôle des banques centrales et la politique monétaire occuperont les discussions.

Selon un projet de communiqué, les participants devraient se prononcer en faveur de nouveaux efforts dans la relance des économies des huit après la crise financière mondiale.

Le Premier ministre japonais devrait profiter de l'occasion pour expliquer à ses partenaires les mesures fiscales et monétaires mises en place pour relancer la croissance dans son pays.

Une autre question concernera la lutte contre l'évasion fiscale dont David Cameron a fait une de ses priorités.

Le Premier ministre britannique a convaincu samedi dix territoires d'outre-mer ou dépendances de la Couronne considérés comme des paradis fiscaux de signer un traité international sur la transparence bancaire.

Toutefois, le G8 ne devrait pas aboutir à l'adoption d'une mesure commune visant à contraindre les entreprises à rendre publics leurs profits, leurs revenus et leurs impôts sur une base pays par pays.

Pierre Sérisier pour le service français

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