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Réfugiés rwandais en RDC : GARE A LA BOMBE HUMAINE DU RWANDA !...

Réfugiés rwandais en RDC : GARE A LA BOMBE HUMAINE DU RWANDA !

Écrit par Pascal Debré Mpoko

En cherchant à mettre fin, dès ce 30 juin, au statut de réfugié de ses citoyens vivant en RDC au motif que les conditions de leur fuite (le génocide) se sont éteints, Kigali veut créer une double opportunité de maintenir un peuplement rwandais en territoire congolais : d’abord avec tous ces réfugiés rwandais qui y vivent déjà et qui deviendraient automatiquement des Congolais, ensuite en faisant partir les réfugiés et d’autres rwandais faux réfugiés vers la RDC. Une bombe humaine qui, à la fois, soulagerait le Rwanda de sa pression démographique et consacrerait, de fait, la balkanisation de la RDC. Inacceptable !



Il s’est ouvert jeudi 20 juin à Kigali la troisième réunion tripartite entre le Rwanda, la RDC et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) sur l’examen de la question des réfugiés rwandais se trouvant sur le territoire congolais. Cette tripartite se tient à dix jours de l’entrée en vigueur de la clause de cessation du statut de réfugié rwandais. Selon la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, la clause de cessation du statut de réfugié (en abrégé clause de cessation) est celle qui permet de mettre fin au statut de réfugiés lorsque des changements à la fois fondamentaux et durables ont eu lieu dans le pays d'origine et que les circonstances qui ont entraîné la fuite des réfugiés n'existent plus. Le Rwanda estime que la paix étant rétablie sur son territoire, il n’est plus nécessaire que ses ressortissants continuent de rester en exil.

La convocation de cette tripartite fait donc suite à la décision du Rwanda de mettre en œuvre cette clause pour ses ressortissants. C’est, en effet, depuis le 31 décembre 2011 que Kigali avait annoncé qu’il appliquerait cette clause dès le 30 juin 2013.

Attention aux pièges rwandais

Pour autant, les observateurs craignent que, par cette précipitation, le Rwanda ne cache un agenda particulier allant du besoin de se soustraire de son obligation de dialoguer à son opposition, à celui de créer des conditions d’un déversement de certains de ses concitoyens en territoire congolais au motif qu’ils seraient des réfugiés de la RDC au Rwanda. En effet, il faut déjà noter que le pouvoir de Kigali fait une lecture partielle et partiale de la convention de 1951 sur les réfugiés. Cette convention renseigne, au point 5 de l’article 1.C. de ladite convention, il est indiqué que tout réfugié qui se retrouve dans les conditions de retourner dans son pays si les conditions de sa fuite sont éteinte, peut « refuser de se réclamer de la protection du pays dont il a la nationalité » s’il invoque « des raisons impérieuses tenant à des persécutions antérieures ».

Cette précision est taille lorsque l’on sait que Kigali s’en tient à la fin des conditions ayant produit des réfugiés rwandais à travers le monde par le seul fait du génocide dont, il vrai, la menace est éteinte à l’intérieur du Rwanda. Mais on sait qu’aujourd’hui, nombre de citoyens rwandais errent à travers le monde en raison, non pas de l’idéologie du génocide dont Kigali affuble tout opposant, mais justement à cause de l’exigüité des espaces démocratiques dans leur pays. Cette situation se rapporte justement aux « raisons impérieuses tenant aux persécutions antérieures », car les clivages politiques au Rwanda ont préexisté au génocide et à son idéologie. Aujourd’hui, la situation a connu une autre configuration du fait qu’au-delà des clivages ethniques qui ont sous-tendu l’idéologie du génocide, les clivages politiques objectifs s’observent au sein même des communautés ethniques. C’est le cas des tutsis qui dominent au pouvoir de Kagamé qui compte nombre d’opposants tutsis à travers le monde.

D’autre part, les calculs du Rwanda sur cette affaire des réfugiés et sa précipitation à la régler ne sont pas étrangers aux visées du pouvoir de Kagamé sur la RDC. On sait, en effet, que le Rwanda a hâte de renvoyer en RDC les réfugiés qui vivent sur le sol. Cette dernière guerre a été symptomatique de cette pression rwandaise relayée largement par la fausse rébellion du 23 mars.

En vérité, sous le prétexte de la fin des conditions ayant occasionné des réfugiés et dans le souci de créer des colonies rwandaises de peuplement en territoire congolais, le Rwanda tient à déverser sans contrôle tout un monde sous prétexte qu’il s’agirait des Congolais.

Heureusement que les Congolais ont compris le manège et veillent au grain, tout en étant conscient du devoir de solidarité envers des compatriotes qui errent dans des camps de réfugiés dans de mauvaises conditions de vie. Dans son allocution de jeudi dernier à Kigali, en effet, le Ministre congolais de l’Intérieur, Richard Muyej, a été catégorique, campant sur la position affichée par le Gouvernement de la RDC à Pretoria, en Afrique du Sud, en avril dernier lors d’une réunion sur le même sujet. Pour Kinshasa, cette clause est inapplicable sur son sol avant le 30 juin de cette année.

Le Gouvernement congolais estime, à juste titre, que l’application de cette clause dans un délai aussi court serait «mécanique et inopérante». Elle ne porterait pas de solution durable aux multiples problèmes que connait la région, a affirmé Muyej qui s’est ainsi expliqué : si le Rwanda applique cette clause au 30 juin 2013, ce pays considérera qu’il n’a plus, nulle part, de citoyens ayant un statut de réfugié. Ipso facto, ces citoyens rwandais, loin de devenir des apatrides, auraient automatiquement la nationalité du pays d’accueil.

Cette disposition, selon lui, doit être accompagnée par des mesures concrètes visant à organiser, pour les réfugiés, des campagnes d’information sur la clause de cessation et ses conséquences. Elle devrait aussi renforcer toutes les activités préalables pour passer du rapatriement facilité au rapatriement volontaire. Dans ce cadre, il est question d’identifier les candidats au retour dans leur pays et ceux qui, malgré la fin de leur statut de réfugié, préfère demeurer dans leur pays d’accueil. Dans ce dernier cas, leur pays d’origine est tenu de leur octroyer un passeport pour leur permettre de se mettre en ordre avec les services d’immigration du pays d’accueil.

En plus, a poursuivi la ministre Muyej, la commission tripartite devra programmer la réunion du groupe technique en vue d’élaborer un plan détaillé des opérations de rapatriement.

Le Gouvernement congolais est donc conscient des manœuvres du Rwanda et leur finalité et tient à les déjouer. Rien que les statistiques croisées indiquent qu’il y a anguille sous roche dans cette affaire et qu’il faut veiller au grain. En effet, selon les statistiques du gouvernement congolais, 127.000 réfugiés rwandais vivent sur le territoire congolais. Le HCR, quant à lui, avance le chiffre de 49.000, tandis que Kigali ne propose encore rien.

Pascal Debré Mpoko

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