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De la Syrie, parlons-en ... (4)

Syrie : pourquoi la communauté internationale n'interviendra pas

Par Olivier Ravanello

Journaliste


La Maison blanche a admis que du gaz sarin a été utilisé en Syrie, rejoignant la France, les Britanniques et les Israéliens. Obama avait pourtant dit que l’utilisation d’armes chimiques par le régime contre son peuple serait une ligne rouge "intolérable". Il n’empêche. Personne n’interviendra militairement pour aider les rebelles syriens. Il suffit d’analyser à tête froide la situation pour le comprendre.

1/La légitimité internationale

La France le dit. Les Etats-Unis aussi. "Nous agirons dans le cadre de la légalité internationale". Ce qui veut dire après une décision du conseil de sécurité de l’ONU. Ce conseil est composé de 15 membres. 5 ont un droit de veto, ce sont les grandes puissances issues de la Seconde guerre mondiale : USA, Russie, GB, France, Chine. Si l’un des 5 dit non, la décision est rejetée. Pour intervenir militairement en Syrie, il faudrait donc un texte qui donnerait le feu vert. Mais on sait déjà que la Russie, qui soutient le régime de Bachar el-Assad, ne votera évidemment jamais un texte. Donc quand François Hollande dit "oui pour une intervention dans le cadre de la légitimité internationale", il sait qu’il n’y a aucune chance que cela se produise.

2/L’escalade des armes

Si on ne peut pas faire voter une intervention, ni même une zone d’exclusion aérienne (qui nécessite des avions de chasses pour la surveiller, donc un engagement militaire), pourquoi alors ne pas donner des armes à la rébellion. C’est en effet une option. Pour le permettre, l’Union européenne a fini par lever l’embargo qui empêchait de livrer des armes aux belligérants syriens. La France peut donc envoyer ce qu’elle veut à partir d’août. Mais là encore, les Occidentaux hésitent. Pour une arme envoyée aux rebelles, Moscou va en envoyer deux au régime. Ce sera la surenchère, un peu comme à l’époque de la guerre froide. Et les civils en seront les premières victimes. C’est pourquoi les USA parlent d’envoyer des armes non létales, non mortelles, ce qui frise le ridicule.

3/Et la ligne rouge ?

C’est vrai que la ligne rouge de Barak Obama a été franchie puisqu’il y a des preuves d’utilisations de gaz sarin. Mais tout est question de proportion aux yeux des dirigeants américains. Obama pensait massacres à grande échelle avec des armes chimiques, comme dans le Kurdistan irakien en 1989 à Halabja, où des milliers de villageois désarmés avaient été massacrés par le général irakien de Saddam Hussein que l’on surnommait "Ali le chimique". Pour l’instant, rien de comparable en Syrie. L’opinion américaine n’est pas mobilisée. Obama ne souhaite pas s’engager directement sur le terrain syrien. Il considère que s’il doit intervenir dans la région, c’est en Iran, pour empêcher les mollahs d’avoir la bombe atomique. C’est sa priorité.

4/La peur d’un nouveau Liban

Dernier élément, la peur d’une internationalisation du conflit. En clair, que plusieurs pays règlent leurs comptes à distance à travers la guerre en Syrie, comme lors de la très longue guerre du Liban dans les années 80. Déjà l’Iran et le Hezbollah libanais, milice chiite téléguidée par Téhéran, ont envoyé des miliciens sur place pour combattre aux côtés des soldats de Bachar el-Assad. Des miliciens sunnites, des combattants étrangers viennent aussi du Liban, d’Irak, de Palestine, du Yémen, parfois d’Europe pour aider la rébellion. Le Qatar les aide financièrement. Sans parler des Djihadistes islamistes qui cherchent à installer en Syrie un "califat" à la frontière de l’ennemi, Israël.

Si Américains et Européens entraient dans le jeu, ce serait l’occasion pour beaucoup de faire leur guerre "en plus". L’assurance d’un embrasement général de la région...

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