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Palestine : Qu'est-ce qu'un État Observateur de l’ONU ? ...

Palestine : qu'est-ce qu'un État observateur de l’ONU ? 
V. Van Vyve  
Mahmoud Abbas demandera lors de l'Assemblée générale de l'ONU d'accorder à la Palestine, à ce jour qualifiée d' "entité", le statut d’ "État Observateur permanent". Cette différence de statut n'est pas bénigne.
 
Éclairage.

Aujourd'hui "entité" et non "Etat" non membre de l'Organisation des nations unies (ONU),

l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), par la voix de Mahmoud Abbas, a annoncé que la Palestine demandera un rehaussement de son statut, lors l'Assemblée générale de l'ONU le 29 novembre. Ainsi, le président de l'Autorité Palestinienne (AP) entend demander à l'ONU de lui accorder le statut d’ "État Observateur permanent" tel celui dont le seul Vatican bénéficie à ce jour.

 

La condition est simple : obtenir la majorité simple des 193 membres à l'Assemblée générale.

 

Que cela signifie-t-il ?

Les Observateurs permanents "ont le droit d’assister à la plupart des réunions et d’en consulter la documentation", explique l'ONU. Un État observateur bénéficie également d'un "droit de parole" et d'un "droit de réponse" devant l'Assemblée générale... pour autant que les États membres le lui accorde.

 

"Ce statut relève plus de l'usage", précise l'ONU : et pour cause, aucune disposition de la Charte des Nations unies ne le mentionne.

 

Vu le peu de pouvoir qu'un tel statut confère à celui qui en bénéficie, pourquoi Mahmoud Abbas en fait-il une revendication essentielle ? Parce qu'elle constitue, justement, l'essence même de l'avènement d'un État palestinien.

 

La différence entre "Entité" et "État", aussi minime qu'elle puisse paraître, n'est pas uniquement sémantique. Cette reconnaissance reviendrait en réalité à valider l'existence d'un État palestinien (aujourd'hui qualifié de "territoires") et lui offrirait dès lors le droit de faire appel à la justice auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI), cet organe n'étant ouvert qu'aux seuls États.

 

Cela n'est pas anodin et voilà un risque qu'Israël ne veut pas courir puisque la CPI qualifie d' "illégales" les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, en ce compris Jérusalem-Est (9/07/2004). Or, les colonies se multiplient (on estime le nombre de colons à 450.000) sans intervention structurelle des gouvernements israéliens successifs.

 

Israël est par ailleurs sous le joug de résolutions adoptées par les Nations Unies, condamnant la colonisation. (dont la résolution 242, votée le 22/11/1967 à la suite de la guerre des 6 jours)

 

La communauté internationale est elle-même peu favorable à une telle méthode, perçue par certains comme un "passage en force" alors que l'ONU prône la résolution pacifique des conflits par des solutions politiques. Cela impose dès lors un retour à la table des négociations. Mais ces dernières sont au point mort depuis 2 années. Les dirigeants palestiniens ont en effet posé une condition à la reprise des pourparlers de paix : la cessation de la colonisation, justement, puisqu'elle est considérée comme un obstacle même à la paix et à l'avènement d'un État palestinien.

 

La tension est palpable du côté du gouvernement israélien. Il a menacé de "renverser le régime d'Abou Mazen (Mahmoud Abbas, NDLR)" si sa demande était adoptée. Ce serait "la seule option dans ce cas", affirme un projet de document qui doit être entériné par le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman avant d'être soumis au gouvernement dans son ensemble. "Toute autre option (...) signifierait d'agiter un drapeau blanc et de reconnaître l'échec des dirigeants israéliens à relever ce défi", poursuit le document obtenu par l'AFP.

 

M. Lieberman avait déjà prévenu le 24 octobre, lors d'une rencontre avec la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton, que si les Palestiniens "persistaient dans ce projet, (il) ferait en sorte que l'Autorité palestinienne s'effondre", selon les médias israéliens.

 

Les responsables palestiniens n'en démordent pas et ont affirmé être prêts à affronter les conséquences de leur démarche à l'ONU.

 

Ambitions revues à la baisse

L'an dernier, Mahmoud Abbas avait réclamé au perchoir de l'Assemblée Générale que la Palestine devienne le 194è État membre de l'ONU. Il lui fallait alors obtenir l'aval d'au moins 9 des 15 voix du Conseil de sécurité combiné à une absence de véto des 5 membres permanents (la Chine, la Russie, les États-Unis, la France, et le Royaume-Uni).

 

Mahmoud Abbas avait essuyé un revers. Le président de l'AP a décidé, cette fois-ci, de faire preuve de davantage de réalisme politique.

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