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Mauritanie - Mohamed Ould Maouloud : "Nous réclamons toujours le départ du chef de l'État" ...

Son hospitalisation l'a tenu éloigné pendant une dizaine de mois.
 
Son hospitalisation l'a tenu éloigné pendant une dizaine de mois.© DR

 

Malgré une longue absence pour raisons médicales, le président de l'Union des forces de progrès, revenu à Nouakchott en juillet, reste influent au sein de la coordination des adversaires d'Ould Abdelaziz.

 

Professeur d'histoire, fervent militant communiste dans les années 1970 et 1980, Mohamed Ould Maouloud, 59 ans, préside, depuis sa création en août 1998, l'Union des forces de progrès (UFP), qui compte six députés (sur 95) à l'Assemblée nationale. Grande figure de l'opposition mauritanienne, l'enfant de Tijikja (Centre) est rentré au pays en juillet 2012, après une hospitalisation en Tunisie, puis en France, qui l'a contraint à s'absenter pendant une dizaine de mois au plus fort de la crise politique entre le pouvoir et la Coordination de l'opposition démocratique (COD, composée d'une dizaine de partis, dont l'UFP).

 

Jeune Afrique : Le retour de Mohamed Ould Abdelaziz, fin novembre, après sa convalescence en France, a-t-il pris l'opposition de court ?

Mohamed Ould Maouloud : Nous n'avons pas été surpris. Face à ses ennuis de santé et par solidarité avec sa famille, nous avions suspendu nos activités et même souhaité qu'il se rétablisse au plus vite. Son retour ne nous amène pas à changer de stratégie. Nous réclamons toujours son départ.

 

En reprenant les rênes du pays, n'a-t-il pas balayé votre thèse du vide politique ?

Je pense d'ailleurs que c'est ce qui a motivé son retour. Pendant les quarante jours où nous étions dans l'attente légitime d'une réponse à cette question, il y a eu un grand rapprochement entre ses partisans et l'opposition... Sauf qu'en retrouvant ses vieux réflexes le chef de l'État a coupé court à notre initiative, pourtant impensable il y a encore quelques mois. Nous sommes donc revenus à la case départ.

 

Que reste-t-il de vos autres revendications : l'ouverture d'une enquête indépendante sur les circonstances de la fusillade et la publication d'un bulletin de santé du chef de l'État ?

Ces deux exigences tiennent toujours. D'abord, parce que la version officielle de « l'accident » est cousue de fil blanc. Ensuite, parce que nous tenons toujours à être rassurés sur sa capacité à conduire les affaires du pays.

Ce n'est pas par une confrontation violente que l'on tirera le pays d'affaire.

Pendant ces quarante jours, le pays est resté étonnamment calme. Comment l'expliquez-vous ?

Le mérite en revient presque exclusivement à la COD. Alors qu'elle réclamait le départ du président, elle aurait très bien pu profiter de son absence pour occuper le terrain et changer la donne.

 

Justement, pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ?

Parce que nous sommes une opposition responsable. Ce n'est pas par une confrontation violente que l'on tirera le pays d'affaire. La Mauritanie, comme le Mali voisin, est un État fragile, et l'ambition politique de ses acteurs ne doit pas leur faire oublier leurs responsabilités vis-à-vis de leur pays.

 

Que pensez-vous du projet de gouvernement d'union nationale porté par le président de l'Assemblée nationale - et de l'Alliance populaire progressiste (APP, opposition) -, Messaoud Ould Boulkheir ?

La COD n'a pas encore voulu s'exprimer publiquement sur cette question, mais je pense qu'elle est discutable. Cela dit, nous avons un réel problème de confiance avec Mohamed Ould Abdelaziz, car il s'affranchit toujours des règles politiques et morales qu'impose un accord. Avant toute chose, il faut donc résoudre la crise.

 

Les élections sénatoriales, législatives et locales ont été reportées sine die en novembre 2011. Depuis, une Commission électorale nationale indépendante a été créée. La reconnaissez-vous ?

Nous ne pouvons pas reconnaître ce qui a été fait sans notre accord et en dehors des échéances légales.

 

Boycotterez-vous les élections ?

Comment organiser des élections alors que l'état civil n'est pas prêt ? Ce n'est pas très sérieux.

Aujourd'hui, je me dois de suivre mes alliés dans leurs choix, car je leur fais totalement confiance.

Au plus fort de la contestation, au printemps 2012, vous étiez absent. Vous reconnaissez-vous dans le slogan « Aziz dégage ! » ?

À ce moment-là, j'étais hospitalisé en France, je ne suivais presque pas l'actualité et n'étais pas en mesure d'être consulté. Aujourd'hui, je me dois de suivre mes alliés dans leurs choix, car je leur fais totalement confiance.

 

Mais le président est toujours en place. Le mot d'ordre de la COD ne s'essouffle-t-il pas ?

Pas du tout. Chacune des manifestations organisées dans les rues de Nouakchott démontre que la COD a toujours le vent en poupe. Le nombre des grèves recensées en 2012 est le double de toutes celles qui avaient été dénombrées depuis 1960. A-t-on vu le pouvoir préconiser une politique quelconque pour absorber ce mécontentement ? Tant qu'il n'y avait pas de péril grave dans le Nord-Mali, la crise politique intérieure pouvait traîner en longueur sans conséquences fatales pour le pays. Mais aujourd'hui, il y a urgence.

 

Que pensez-vous de l'attitude de Mohamed Ould Abdelaziz par rapport à la crise dans le Nord-Mali ?

Nous considérons que la Mauritanie doit avoir une position politique très claire en faveur de la restauration de l'unité du Mali et du rejet de tous les groupes jihadistes. Il aurait mieux valu commencer par établir un pouvoir fort et légitime à Bamako plutôt que de se risquer à une intervention militaire.

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Propos recueillis par Justine Spiegel



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