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Afrique du Sud : Quand la notoriété suplante la justice; voici le tueur avéré mis en liberté ...

Afrique du Sud : Oscar Pistorius libéré sous caution

Le champion paralympique sud-africain comparaîtra le 4 juin prochain. Sa caution a été fixée à 85 000 euros.

L'athlète Oscar Pistorius, le 21 février 2013.

L'athlète Oscar Pistorius, le 21 février 2013.© Alexander Joe / AFP

 

 

Le champion handisport sud-africain Oscar Pistorius, inculpé pour le meurtre de sa petite amie au matin du 14 février, va être libéré sous caution en attendant une nouvelle comparution le 4 juin. "Je suis arrivé à la conclusion que l'accusé a présenté un dossier qui permet sa libération sous caution", a déclaré le juge Desmond Nair, devant le tribunal d'instance de Pretoria, la ville du drame. Le magistrat a pesé le pour et le contre pendant près de deux heures, reprenant un à un les arguments de la défense et de l'accusation.

 

La caution a été fixée à 1 million de rands (85 000 euros), l'athlète devra rendre ses armes et son passeport, et pointer au commissariat de Brooklyn - un quartier aisé de Pretoria - entre 7 heures et 13 heures les lundis et vendredis. Il n'a pas non plus le droit de boire d'alcool.

"Oui, nous sommes soulagés" (famille Pistorius)

L'annonce du magistrat a été accueillie par un "yes !" sonore d'amis d'Oscar Pistorius, avant que l'athlète ne quitte la salle, pris de sanglots. Ses proches se sont ensuite étreints et ont formé un cercle, visiblement pour prier. Des membres de la famille de Reeva Steenkamp, la victime, sont restés interdits. "Oui, nous sommes soulagés par le fait qu'Oscar a été libéré sous caution aujourd'hui (vendredi), mais en même temps, nous portons le deuil pour Reeva Steenkamp et sa famille", a réagi peu après Arnold Pistorius, l'oncle du sportif reconverti en porte-parole improvisé de la famille.

 

Le juge a relevé qu'Oscar Pistorius ne risquait pas de fuir à l'étranger, compte tenu de sa notoriété, et compte tenu du fait qu'il ne pourrait qu'y mener une vie de fugitif. Pendant son très long monologue, le magistrat a semblé tour à tour retenir les arguments des deux parties : "La défense n'a pas réussi à démontrer devant cette cour qu'il y avait des faiblesses dans le dossier du parquet", a-t-il dit notamment, avant d'ajouter aussitôt : "Pareillement, le parquet (...) n'a pas non plus démontré que le dossier contre l'accusé était assez fort et incontestable pour (que Pistorius ait des raisons) de fuir ou d'échapper à son procès."

"Tendances agressives"

Desmond Nair est longuement revenu sur les tendances violentes de l'athlète, dont il a beaucoup été question pendant les quatre jours d'audience. "L'accusé a montré des tendances agressives", a-t-il admis, avant de regretter que l'accusation n'ait pas apporté "de preuves suffisantes pour établir des faits". Rendant sa décision huit jours après le crime, le juge a aussi remarqué que l'enquête n'en était encore qu'à ses débuts. Le procès a été fixé au 4 juin, mais il ne pourrait s'agir que d'une audience préliminaire.

 

Oscar Pistorius, 26 ans, affirme qu'il a tué son amie Reeva Steenkamp par erreur, pris de panique après l'avoir prise pour un cambrioleur caché dans les toilettes. La victime, qu'il fréquentait depuis novembre, était un mannequin assez connu en Afrique du Sud. Elle avait 29 ans. L'avocat de la défense Barry Roux s'est employé pendant les quatre jours d'audience à discréditer le sérieux de l'enquête pour affirmer que l'accusation n'était pas fondée. Il a mis en cause "la faible qualité des preuves" étayant la thèse du meurtre prémédité évoqué par le ministère public, fustigeant "les lacunes catastrophiques du dossier du parquet".

 

Il a cependant reconnu vendredi que son client risquait d'être condamné pour homicide volontaire, car il a tiré à quatre reprises à travers la porte des toilettes, alors qu'il n'était pas clairement en position de légitime défense. Ce chef d'accusation est passible de quinze ans de prison en Afrique du Sud. "Ce que le parquet ignore peut-être (...), c'est qu'il n'avait pas l'intention de tuer Reeva", a toutefois insisté l'avocat. Le ministère public a évoqué la préméditation. Quant au procureur, qui croit que Pistorius a tué son amie de sang-froid, il a regretté notamment que l'accusé n'ait pas pris la mesure de son crime. "Je n'ai vu nulle part (...) je n'ai pas entendu : J'admets que j'ai causé une mort illégalement", a-t-il lancé, estimant que les pleurs de Pistorius depuis mardi au tribunal relevaient plus de l'apitoiement sur lui-même que du remords.

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