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A chacun sa verite ...

Observation de l’élection présidentielle en RD Congo :

Le jeu machiavélique du Centre Carter menace d’embraser le pays

www.digitalcongo.net

Kinshasa, 24/01/2012 / Politique

La vérité des élections autant présidentielle surtout que des législatives de 2011 est têtue, bien que le pays en souffre de par la malveillance délibérée de ses ennemis principalement extérieurs. Raison de la déballer comme le fait M. Frédéric Kabasele fkabaselet@yahoo.fr pour éclairer et édifier l’opinion

On savait que le FMI et la Banque Mondiale n’aidaient pas les peuples de nos pays mais plutôt nos Chefs d’état. Cette élection nous apprend que lorsqu’un Chef d’état est dans la ligne de mir des marchands du cuivre, le sort du peuple compte peu. Pour comprendre pourquoi nous faisons ce que nous faisons et pour que le monde comprenne la raison de nos craintes, il nous semble important de reclasser le scrutin du 28 novembre 2011 dans le contexte de notre histoire. Une histoire racontée par nous-mêmes et différente de celle enseignée dans nos manuels scolaires écrits par le colonisateur.

Un chapelet de complots ourdis dans notre dos

En 1885, le Congo devient la propriété privée du roi des Belges, Léopold II, sur décision de la Conférence de Berlin. Déchu de tout droit de propriété, le peuple est soumis aux travaux forcés pour rentabiliser ses propres terres devenues domaine du roi. Le quota journalier de production doit être atteint sous peine d’avoir une main coupée. La force publique (ancêtre commun de notre armée et police nationales), coupera jusqu’à 1300 mains en une seule journée, selon le rapport de la commission du Sénat belge de 1904 ! Quand le fautif préfère prendre le large, sa femme et ses enfants sont enfermés, exposés aux intempéries et privés d’eau et de nourriture jusqu’à ce que mort s’ensuive. Toute rébellion est réprimée dans le sang et les troupes en opération doivent le prouver en ramenant les sexes des victimes. Le Père Daigne témoigne au sujet de la récolte du latex : « Ce fût le travail de nuit à la lueur des torches, les violences, le régime de la chicotte… Des miliciens auxiliaires, coiffés de chéchia, chicotte au poing, donnaient la chasse aux nombreux récolteurs qui essayaient de se soustraire à la corvée, et l’on rencontrait de longue fils de prisonniers, hommes et femmes, la corde au cou, entièrement nus, pitoyables…Affamés, malades, ils tombaient comme des mouches ». Quelqu’un dira de Léopold II qu’« il dévorait les congolais ». A propos des fléaux dont on dit qu’elles nous auraient décimé si Dieu n’avait pas dépêché le Roi au Congo, une mission d’études rapporte : « L’Européen demeure le principal agent de propagation du fléau par les transports d’indigènes qu’il ne cesse d’effectuer pour ses propres besoins : guerres, police, exploration, main d’œuvre etc… ». Adam Hochschild chiffre à près de 10 millions les victimes de la rapacité royale. En 1960, année de l’indépendance, le Congo comptait 15 millions d’habitants. L’esclave paie le prix de son rachat

En 1908, suite à la forte pression internationale face aux crimes commis contre les congolais, Léopold II cède l’Etat Indépendant du Congo (EIC) à la Belgique. « Ils auront mon Congo, mais ils ne sauront jamais ce que j’y ai fait », dira-t-il. En août de la même année, un incendie d’origine « inconnue » brûlera pendant plusieurs jours le bâtiment qui abritait toutes les archives de l’EIC ! La Belgique reçoit le Congo moyennant reprise de dettes colossales du Roi (110 000 000 FB), acceptation d’achever les projets architecturaux du Roi (45 500 000 FB) et versement au Roi de plusieurs tranches de 50 000 000 FB en témoignage de gratitude pour ses grands sacrifices en faveur du Congo créé par lui ! Mais le gouvernement belge est un gouvernement responsable, il ne sera pas question que le contribuable belge paie tout ceci. C’est le Congolais qui paiera la note…salée ! La Belgique se livrera à son tour à un véritable massacre économique avant de se retirer de la colonie. Avec la complicité de la Banque Mondiale (la BIRD en particulier), la dette publique du Congo qui n’était que de 3,7 milliards en 1950 se chiffre à 46 milliards FB la veille de l’indépendance ! Brusquement, depuis 1957, les budgets de la colonie n’arrêtent plus d’être déficitaires. A l’indépendance, le franc congolais (fiduciaire) n’a plus de couverture ni en or ni en devises, il se dépréciera de 90% ! P.E Lumumba écrira à ce propos : « La Banque centrale belge s’est accaparée non seulement de notre argent, mais également de nos réserves d’or ; le Gouvernement vient d’annoncer que si dans un délai de 15 jours le Gouvernement belge ne les restituait pas, nous confisquerons tous les biens appartenant aux Belges » (Annales parlementaires du Sénat, 8

septembre 1960, pp 14-15). La dette colossale de 46 milliards contractée et gérée à la discrétion de la Belgique sera transférée au jeune Etat. Le traité de Versailles du 28 juin 1919 règle de la manière suivante cette question en rapport avec la dette contractée par l’Allemagne au nom de la Pologne : "La partie de la dette qui, d'après la Commission des Réparations, …se rapporte aux mesures prises par les gouvernements allemand et prussien en vue de la colonisation allemande de la Pologne, sera exclue de la proportion mise à la charge de celle-ci… » Le Traité a prévu que les créanciers ayant financé des projets en territoire polonais occupé par l’Allemagne ne peuvent réclamer le remboursement qu'à celle-ci et non à la Pologne.

Mais, le vol du siècle sera opéré le 17 juin 1960 (à deux semaines de la proclamation de l’indépendance) grâce au transfert de sociétés congolaises à la Belgique et à la dissolution des sociétés à charte : soit un portefeuille de 37,3 à 40 milliards de FB soustrait au contrôle du Congo Indépendant ! Depuis l’indépendance, la Belgique s’est trouvé une autre vocation au Congo : la défense des droits et du bien être du peuple congolais ! Il n’est jamais trop tard pour mieux faire, dit-on.

Diviser pour régner

Comment tirer profit de rivalités tribales attisées depuis des décennies et reporter l’indépendance pour au moins trente ans ? Jules Cousin, directeur général de l’Union minière, trouve la parade : « On a un ministère des Colonies et je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas quatre ou six colonies. Le vieil adage romain "diviser pour régner" est plus vrai aujourd’hui que jamais […]. Si nous ne faisons rien pour éviter l’institution d’une nation congolaise […] on nous expulsera pour s’emparer de tout ce que nous aurons créé ici au Congo » (AGR, Archives Union minière, deuxième versement, n° 375, Jules Cousin à A. Marthoz, 24 décembre 1957). Passant de la parole aux actes, les Belges organisent les élections communales de 1957 à Elisabethville. Les heureux élus seront au nombre de 4 : trois originaires du Kasaï et un belge. Pas un seul Katangais parmi eux ! La prochaine étape consistera à canaliser le mécontentement des Katangais ainsi créé au sein d’une structure ethnique, la Conakat. Les Kasaïens, ont servi d’auxiliaires aux Belges pour l’exploitation de richissimes mines du Katanga. Les originaires se seraient vite rendu compte de l’immensité des richesses tirées de leur sol. La forte présence kasaïenne aux côtés de Lumumba (Kalonji et Ngalula, Lumumba lui-même vient du Kasaï) était donc un acte de trahison pour les Belges : ils allaient le payer très cher.

Ainsi, en 1960, assistera-t-on à la première confrontation entre les Katangais et les non originaires. Conformément à la prédiction de Lynch, le phénomène se reproduira en 1992, en 2006 et en 2011, toujours accompagné d’importants déplacements des populations du Kasaï obligées de regagner leur province d’origine. Avant les remous de l’indépendance, ces deux peuples avaient toujours vécu en bonne intelligence et ne s’étaient jamais affrontés ! Au Kasaï la même stratégie conduira aux affrontements meurtriers entre Baluba et Lulua. La méfiance ainsi semée entre les tribus a pour conséquence que le pays a autant de partis politiques (plus de 400 aujourd’hui) qu’il a des ethnies (environ 500) ! Ceci expliquant cela, on a eu 32 candidats présidents aux élections de 2006 et plus de 18 000 aux législatives de 2011.

Un enseignement de compromis

Le programme d’enseignement mis en place par le colonisateur est assimilable à un crime intellectuel. En effet, suite aux nombreuses pressions de l’extérieur, le Gouvernement belge sortira les premiers diplômés des humanités complètes (six ans) en 1954. La première université, Lovanium, sera homologuée en 1956. Mais ces actes volontaristes devaient être réconciliés avec un autre objectif : la pérennisation de la présence belge au Congo. Cet objectif déterminera les programmes des enseignements à dispenser aux autochtones : il s’agira d’un enseignement de compromis car il n’est pas question de scier la branche sur laquelle le système colonial tout entier est assis. On se limitera à l’enseignement des métiers. La dimension « formation de l’homme » y sera quasiment absente. L’histoire précoloniale est présentée au colonisé de telle sorte que celui-ci ait autant honte de son passé qu’il sera reconnaissant au Bon Dieu de lui avoir envoyé un messie, Léopold II. L’histoire de la colonisation enseignée est celle du colonisateur et non celle du colonisé. L’amour de leur patrie par-dessus n’est pas enseigné aux Noirs. D’ailleurs quel pays aimeraient-ils dès lors que celui qu’ils croient être le leur s’appelle le Congo (des) Belge(s) ! Le colonisé ne doit pas prendre conscience des richesses dont recèle son sous-sol. Il est éduqué dans le détachement total par rapport aux biens matériels. La bravoure, l’héroïsme et le sacrifice suprême au nom d’un idéal, la valeur de l’argent…sont des valeurs absentes au programme d’enseignement. Autant on lui apprend à cultiver le mépris de sa race, de ses coutumes et ses institutions traditionnelles autant on en fait un admirateur inconditionnel de la race de son maître et de la culture de ce dernier. Les méthodes d’idéalisation de la race blanche sont poussées au point où quand un blanc s’expose ivre au colonisé, il doit être renvoyé en Europe sans autre forme de procès. On renforce les clivages ethniques pour tuer tout esprit de solidarité nationale. On encense l’obéissance et la soumission à l’autorité au détriment de la créativité et de l’entreprenariat. L’esprit critique est étouffé. On étudie pour devenir quelqu’un. L’accès à un statut personnel différent est un objectif poursuivi avec obsession et qui justifie tous les coups. Et quand on devient quelqu’un on peut être admis à la table du Blanc. Quand l’universitaire met le pied pour la première

fois sur le campus, il est automatiquement flanqué d’un képi arborant des attributs du pouvoir coutumier. Ce képi sert à relever le savoir qu’il va acquérir avec une bonne dose de prétention. Et la prétention justement est l’ignorance de son ignorance confortablement installée dans la suffisance qui sert de cerise sur le gâteau. La suffisance empêche l’individu de prendre conscience qu’il est probablement manipulé. L’universitaire en képi ne se mêle pas au peuple ignorant qui l’entoure, il ne partage pas son siège avec ce dernier ni dans le bus ni dans le train. Il veille à son statut personnel avec le plus grand soin, la mission sociale de sa formation est reléguée…ce serait risqué de dire au second plan. Quand Karl de Gucht dit qu’il n’y a pas de partenaires fiables dans la classe politique en RDC, il est mieux placé que quiconque pour l’affirmer.

Les dégâts

Le revenu par tête d’habitant était d’USD 380 à l’indépendance quand le pays n’avait même pas dix universitaires. Il en compte de centaines de milliers aujourd’hui et ce revenu est descendu jusqu’à USD 80 pendant que nous vouons une véritable idolâtrie à nos titres académiques (quand lors d’une présentation l’un de ses diplômes a été omis, l’orateur ne s’adressera pas à son auditoire sans compléter lui-même son cursus !). Autant l’intellectuel congolais ne croit pas que l’effort individuel peut être déterminant au point de changer la vision et la vie de toute une société, autant il n’est jamais disposé à assumer la responsabilité d’un échec. Quand on demande à un professeur émérite, qui écume les plateaux de télévision en donneur de leçons, pourquoi la présence massive des universitaires autour de tous nos Chefs d’Etat n’a pas contribué à l’amélioration des conditions de vie du congolais, il répond comme ferait un mercenaire : « Il n’ya pas de mauvaises troupes, il n’y a que de mauvais chefs » sic. A quoi donc a servi la répartition équitable des pouvoirs entre les Institutions de la République dans la constitution ? Le professeur ne va en grève, ne débraie comme il aime à le dire, que pour avoir un véhicule, une prime ou un avantage personnel. Il peut par contre s’accommoder aisément avec les infrastructures universitaires qui n’arrêtent de se déglinguer, la relève du corps professoral vieillissant qui n’est pas préparée, la corruption et le tribalisme qui menacent l’avenir de l’enseignement : ça c’est l’affaire des générations à venir et du Chef de l’Etat. Chez l’intellectuel congolais le statut personnel vient avant la mission sociale. C’est vraiment à se demander si l’élite congolaise est vraiment préoccupée par ce genre de commentaire que l’on peut lire dans un dictionnaire (Wikipédia) sous le titre Université Lovanium : « L'université de Kinshasa, jadis la plus grande de toute l'Afrique a terni son blason au fil des années au rythme de la décadence de son pays. Aujourd'hui, son nom ne figure dans aucun classement international. » S’agit-il ici d’un acharnement ? Non, à celui qui a beaucoup reçu, on demandera beaucoup. Ce qui est dit à Bruxelles, Paris ou Washington est une parole d’Evangile au Congo. Ce que Collette Braeckman écrit sur le Congo vaut ce que dirait toute la presse congolaise réunie. Le fait de ne pas s’efforcer à avoir un point de vue personnel sur les questions d’intérêt national et de se contenter de la lecture et de l’interprétation des chefs et leaders politiques ou religieux (ces dernier ont le droit de mentir, insulter, piétiner la loi…sans risque d’être inquiétés par une quelconque sanction populaire) conduit généralement à l’irrationnel comme une bonne dame disait : « il y a plus de chaleur que de lumière dans nos débats ». Tel est le triste héritage de l’enseignement dont on est cependant si fier. On ne s’en sortira jamais sans tout recommencer en acceptant bien entendu qu’une ou deux générations sont déjà perdues.

OEuvre civilisatrice ou entreprise criminelle ?

Au cours de la cérémonie de passation de pouvoir, le 30 juin 1960, le Roi Beaudouin vantera le génie de son aïeul Léopold II et son oeuvre civilisatrice au Congo avant de présenter l’indépendance comme un cadeau de la Belgique. Patrice Emery Lumumba bousculera le protocole pour apporter un rectificatif : il y allait de la dignité de tout un peuple. Il dira en substance que la colonisation fût une entreprise criminelle et que l’indépendance était arrachée par l’effusion de notre sang. Un jeune marin, qui deviendra l’ennemi juré du roi Léopold II, Edmund Dene Morel, y était allé plus fort encore : «J'étais tombé, écrit-il, sur une société secrète d'assassins chapeautée par un roi». Lumumba écrira : « Les cadeaux, on n'apprécie pas. L'indépendance cadeau, ce n'est pas une bonne indépendance. L'indépendance conquise est la vraie indépendance ". (Congo 1960, 2, pp.202). Le rectificatif de Lumumba fût considéré comme un affront inacceptable fait au Roi des Belges. Son sort fût scellé le jour mëme. Notre Premier ministre, l’élu du Peuple Congolais, sera révoqué de ses fonctions le 05 septembre 1960 avant d’être assassiné le 17 janvier 1961. Un octogénaire flamand, Gérard Soete, celui-là même qui avec l’aide de son frère avait coupé à la scie le corps de Lumumba avant de le faire disparaître à jamais à l’aide de l’acide sulfurique, avait coutume d’exhiber deux dents de notre Héro national comme un trophée de guerre. Il dira par la suite s’en être débarrassé en les jetant dans la Mer du Nord car ces dents encombrantes lui empêchaient d’avoir sommeil. Le Peuple belge ne manque pas de coeur dès lors qu’il y en a au moins un qui n’arrive pas à dormir à cause de ce qui a été fait au Congo !

Sur les pas de P. E. LUMUMBA

Un disciple de Lumumba, en la personne de Laurent Désiré Kabila suivra le crédo de son mentor : « Je vous assure qu'avec notre foi, avec notre dynamisme, avec notre fierté nationale, le Congo sera dans cinq ans un pays fortement développé. Ce n'est pas en mendiant des capitaux que nous allons développer le pays. Mais en

travaillant nous-mêmes, par nos propres mains, par nos efforts. Le seul slogan pour le moment : le progrès économique

.» (ibidem) Il sera assassiné le 16 janvier 2001 après avoir repris le pouvoir aux suppôts du néocolonialisme au terme de 37 ans de lutte et de rébellion. Quand on sait que M’zee Kabila prenait l’avion le soir même pour prendre part à la réunion de la francophonie à Yaoundé, il y a lieu de penser que cet assassinant était planifié pour le lendemain, 17 janvier 2001, date anniversaire de la mort de Lumumba, afin que le message soit clair pour tous les autres Congolais qui nourrissent le rêve d’un « Congo aux Congolais » ! Et comme pour Lumumba, il faudra vraisemblablement attendre quarante ans pour savoir qui a fait quoi le 16 janvier 2001.

Depuis l’ignoble assassinat de Patrice Lumumba et le coup d’arrêt imposé à la démocratie naissante en 1960, le Pays a plongé dans une crise de légitimité ponctuée de multiples guerres pour la reconquête et la restitution du pouvoir au Peuple. Quarante six ans après, soit en 2006, le Congo a pu enfin se doter des institutions issues des élections libres et démocratiques mettant ainsi un terme à la confiscation et au partage du pouvoir entre politiciens sans consultation préalable du Peuple. Depuis 1960 il existe aussi deux grandes tendances politiques en RDC. D’un côté les nationalistes, disciples de Lumumba pour qui le Congo doit être indépendant politiquement et économiquement et se choisir librement ses alliés et ses dirigeants. De l’autre, il y a les différentes ramifications du Groupe de Binza dont était issu le Maréchal Mobutu, qui considèrent que l’accès au pouvoir au Congo est décidé par les puissances de la Conférence de Berlin …le Peuple vient en second lieu. Ceci explique par exemple pourquoi la Conférence Nationale Souveraine congolaise fut la seule sur le continent à être interrompue plus d’une fois pour des consultations de son président à Washington, Paris, Bruxelles et Rome. Cette spécificité de la politique congolaise explique aussi pourquoi les Lumumbistes au pouvoir en ce moment ont tenu absolument à ce que cette élection ait lieu dans les délais constitutionnels pour éviter un vide du pouvoir au sommet de l’Etat qui aurait inévitablement conduit au partage du pouvoir entre politiciens dans le dos du Peuple. Le report de ces élections ne dérangeait nullement l’autre famille politique qui le souhaitait d’ailleurs comme nos partenaires traditionnels.

Avant l’indépendance égale après l’indépendance

L’armée et la police congolaise sont issues de la force publique, création de Léopold II. Une armée issue du peuple pour brimer le même peuple. Ses exploits sous le Roi des Belges ont été exposés ci-dessus. A l’indépendance, son commandement est passé aux mains des congolais mais l’essentiel, c’est-à-dire son esprit, est resté le même : le civil est un « musenzi » ou « munguna » (imbécile quand il n’est pas ennemi). Elle n’a jamais, seule, remporté une seule guerre face à un ennemi extérieur. Elle n’a jamais vu venir une quelconque rébellion du fait qu’elle a son dos tourné à la frontière et le canon pointé sur son propre peuple. A son tableau de chasse, ses meilleurs trophées sont : pillages, viols, tortures … Elle s’est aussi particulièrement illustrée en livrant ses propres chefs à la vindicte internationale : Lumumba avec les massacres de Bakwanga, Mobutu avec le massacre de l’Université de Lubumbashi, L.D.Kabila avec sa complicité dans le massacre des Hutu Rwandais, J.P Mbemba avec les viols et exactions de Bangui et J. Kabila avec l’embarrassante élimination de Tchebeya. Ces rappels historiques aideront- ils les ONG, qui ne l’ignorent pas d’ailleurs, à comprendre que cette armée n’a pas besoin des ordres ni de Kabila ni de Bemba pour faire ce qu’elle fait au Congo ou à Bangui. Revenons à présent aux élections qui nous concernent.

Une confusion délibérée destinée à jeter l’huile sur le feu

La Déclaration du Centre Carter débute par cette phrase : «

Pour le Centre Carter les résultats provisoires des élections présidentielles annoncées par la commission électorale nationale indépendante le 9 décembre en République Démocratique du Congo manquent de crédibilité. » Et puis vers le milieu du texte elle fait l’aveu suivant : « Les problèmes observés durant la phase de compilation et les chiffres annoncés sont aggravés par les difficultés d’accès des observateurs aux centres de compilation à travers le pays et à l’absence d’accès officiel au centre national des résultats à Kinshasa. Le Centre Carter est donc dans l’incapacité de fournir une vérification indépendante de l’exactitude de l’ensemble des résultats ou du degré dans lequel ils reflètent la volonté du peuple Congolais. » Mais, contre toute attente, elle conclut par : « Cette déclaration ne remet pas en cause l`ordre des résultats des candidats tel qu`annoncé par la CENI mais précise que le processus de compilation est non crédible… ».

On ne peut imaginer plus confus que cette formulation du rapport : la première phrase s’adresse aux partisans du candidat perdant qui sont en droit d’en déduire qu’ils ont été floués. La dernière dit en termes on ne peut plus clairs que le rapport ne remet pas en cause la victoire du Président sortant, ce qui conforte la position de son camp. Mais quand le Centre Carter prend soin de préciser que l’on ne sait pas dans quelle mesure cette victoire reflète la volonté du peuple congolais, son intention devient manifestement criminelle. Selon le prescrit de la Déclaration des principes pour l’observation internationales des élections, la mission d’observation a pour mandat de confirmer ou d’infirmer clairement la régularité ou non du processus électoral conduisant à la légitimité et l’autorité du pouvoir public qui doivent reposer sur la volonté librement exprimée par le peuple. Car, lorsqu’un pouvoir tire sa légitimité de telles élections, les risques d’alternatives non

démocratiques sont réduits. Une mission d’observation électorale doit contribuer au renforcement de la confiance des citoyens dans l’intégrité des processus électoraux, et encourager la participation aux scrutins et faire de son mieux pour réduire le risque de conflits autour des élections. C’est loin d’être le cas ici. Finalement, le Centre Carter n’aura servi personne au Congo et surtout pas la paix.

Le Centre Carter est de mauvaise foi quand il ne dit pas clairement que la conclusion de son rapport lui est imposée par le prescrit de l’article 75 de la loi électorale congolaise qui dit ceci : « Si la juridiction saisie admet un recours pour erreurs matérielle, elle rectifie le résultat erroné. Elle communique la décision à la Commission électorale nationale indépendante. Dans tous les autres cas, elle peut annuler le vote en tout ou en partie lorsque les irrégularités retenues ont pu avoir une influence déterminante sur le résultat du scrutin. S’il n’y a pas appel, nouveau scrutin est organisé dans les soixante jours de la notification. » En d’autres termes, les irrégularités constatées n’étant pas de nature à ramener tout au moins les deux candidats à l’égalité de voix, l’ordre du classement de ces derniers tel que publié par la CENI ne change pas. Cette même réalité est exprimée plus explicitement ainsi par le vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders « Aucune structure composée d'observateurs internationaux n'a remis en cause jusqu'à présent le classement des candidats à l'élection présidentielle en RD Congo…Il y avait de nombreuses irrégularités, mais elles ne peuvent pas changer le résultat de l'élection présidentielle du novembre dernier ». La déclaration incendiaire et intentionnellement confuse du Centre Carter est rendue publique au moment où le Congo ressemblait à ceci :

Une violence aveugle dirigée contre des prétendus kabilistes

Voici quelques extraits du témoignage de Mgr Marcel Madila Basanguka, archevêque de Kananga, devant la presse le 02 décembre 2011 sur les incidents malheureux survenus à Kananga le 28 novembre 2011, jour des élections législatives et présidentielles.

« …Tout est parti du complexe scolaire Buena Muntu où une religieuse de la Congrégation des Soeurs de la Charité de Jésus et de Marie, directrice de l’école, était accusée de complicité de tentative de fraude au profit d’un des candidats à la présidentielle. Très vite, la rumeur non vérifiée, a fait le tour de la ville et plus loin encore, au point de rendre toutes les religieuses, toutes Congrégations confondues suspectes ou complices de la fraude électorale. La religieuse en question a été battue, séquestrée et n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention des forces de l’ordre. Sans vérification des faits, certains médias, faisant fi de toute règle de déontologie en matière de communication, avaient vite fait d’accuser toute l’Église Catholique et ses membres et de présenter ces soupçons comme des faits avérés et vérifiables. La nouvelle a fait le tour du monde.

A Katoka II, des Soeurs diocésaines du Coeur Immaculé de Marie de Kananga, qui attendaient tranquillement de voter dans un Bureau situé dans l’enceinte de leur complexe scolaire furent aussi attaquées et battues, - on était prêt même à les brûler vives !-, simplement parce que le Bureau de vote n’avait pas ouvert ses portes à l’heure prévue. Une foule impatiente et surexcitée les accusait, sans fondement ni preuve, d’être de mèche avec un membre du PPRD bien connu et ayant son domicile pas loin du Couvent des Soeurs. Un témoin raconte : « Tout s’est déroulé le matin du 28 novembre 2011 quand, jusqu’à 11 heures, on n’avait ouvert ni la grille qui mène sur la cour de l’école où la population devait aller voter, ni la grille d’entrée du couvent des Soeurs. Fait qui, pour eux, a confirmé la rumeur (de préparation de la fraude). L’impatience ayant atteint le paroxysme, des jeunes gens ont commencé par lancer des pierres en direction des fenêtres du bâtiment des Sœurs pour les menacer ; et ils ont cassé 189 lamelles au Couvent et 18 au Centre Mpandilu (Centre de vote), avant de forcer la grille de l’entrée principale du Couvent avec comme objectif : molester les occupantes ». Aux dires des deux d’entre elles, ces Sœurs ont été sérieusement battues et n’ont eu la vie sauve que grâce à l’intervention d’une fille du quartier qui s’est interposée et a fait sortir les Sœurs de la maison.

» A Malole, les Sœurs ont connu le même sort et des jeunes gens ont eu le courage d’aller saccager le Carmel, à côté du Grand séminaire sous prétexte qu’un député de la majorité, candidat, qui avait demandé de venir s’y recueillir avant les élections, y avait laissé des cartons de bulletins toujours dans le but de favoriser la fraude. Tout cela s’est avéré sans fondement, à la lumière des enquêtes menées par nos services et par d’autres sources concordantes. De même, soi-disant pour punir les Sœurs du Cœur Immaculé de Marie, accusées de la même tentative de complicité à la fraude, des jeunes gens ont fait d’importants dégâts matériels au Complexe scolaire Muoyo Mupeluke des Sœurs à l’Oasis Malole ainsi qu’au Complexe scolaire Mgr Bakole de la même place, sans songer au préjudice qu’ils portaient ainsi aux enfants de notre contrée.

» Sur la ville, les menaces se poursuivent, accompagnées des insultes aux religieuses et l’image de l’Eglise est ainsi gravement salie simplement sur base de soupçons. Au stade actuel de nos investigations, il n’y a pas de raison pour que des religieuses ou l’Eglise soient accusées pour complicité dans une tentative de fraude...

» Je condamne avec la même énergie la destruction et la mise à sac des infrastructures scolaires et sanitaires par nos propres populations qui en sont pourtant les premières bénéficiaires : on casse les bancs, on détruit dispensaires et maternités, etc… »

Ces faits ne sont pas rapportés par le Centre Carter ni par HRW car dès lors qu’ils n’émanent pas du camp de Kabila, ils ne concernent pas leur mandat au Congo.

Ils se sont trompés sur le père et sur le fils

Quand en 1996 le train de l’alternance du pouvoir au Zaïre est lancé, le monde entier s’attend déjà à ce que les besoins en matières premières des pays émergents tels que la Chine, l’Inde et le Brésil accroitraient leur demande. Le Zaïre a justement un potentiel de 10% des réserves du cuivre rendues inaccessibles par le désordre politique qui y règne avec Mobutu qui a perdu le contrôle de son pays. On a cru que M’ZEE placé à la tête de la guerre de libération servirait simplement de couverture à un plan visant à confier la direction du pays aux Tutsi jugés plus aptes à faire revenir rapidement l’ordre au Congo. Mais c’était sans compter avec le nationalisme de Kabila pour qui la souveraineté du Congo n’était pas négociable quel qu’en soi le prix à payer. Et, il le paiera de sa vie. A sa mort, environ 8 armées différentes sont présentes sur le sol congolais. Son fils, Joseph Kabila est jugé être l’homme de la situation. Il est fils d’un Chef d’état, il est militaire, il parle le swahili et l’anglais outre le français et jouit de l’estime de tous les alliés de son défunt père. Il pourra tenir les troupes et on croit que son âge et son expérience politique limitée constituent un gage pour faire avec lui tout ce que l’on veut. Le soutient lors des élections de 2006 est à ce prix là. Les bailleurs traditionnels ne lésineront pas sur les moyens pour mettre un terme à la rébellion, rétablir la paix et la légitimité des institutions. Ils débourseront 12 milliards de dollars. Comme en Irak, cette somme est sensée être récupérée grâce à l’exploitation minière et la reconstruction du pays dont les infrastructures sont totalement délabrées. Mais une fois élu, Kabila revisitera les contrats miniers remettant principalement en cause le pacte non écrit voulant que dans le secteur minier la part du Congo soit limitée à 25% tandis que l’investisseur aura 75%. Sur 57 contrats miniers revisités, il ne fût pas trouvé un seul méritant d’être classé dans la catégorie A « Contrats viables à maintenir ». Trente sept devaient être renégociés. La révisitation de ces contrats a eu pour effet l’augmentation des parts aux bénéfices de la RDC qui est passée, dans certains cas, de 17 à 45%. Or, augmenter la part du Congo revient à toucher automatiquement le porte-monnaie de l’investisseur et remettre en cause ses propres engagements avec la haute finance internationale. On n’admet pas généralement qu’un président nègre ait ce toupet. Et concernant la reconstruction, Kabila va opter pour la Chine en échange des réserves estimées à 10 000 000 de tonnes. Avec ces stocks, la Chine, grand consommateur, accroitra son indépendance et son influence sur le cours du cuivre. Ces deux faits vont être considérés comme un acte de trahison. Dès lors, l’esprit de vengeance conduit à toutes sortes d’excès. (Lire du même auteur www.dia-afrique.org «Les contrats sino-congolais du 17 septembre 2007 : contrats léonins ou contrats du siècle »)

Guerre et paix en RDC riment avec l’évolution du cours du cuivre

Observez bien le graphique ci-dessous qui retrace le comportement de ce minerai sur le marché international sur une période de 55 ans (1957-2012) et vous remarquerez que la communauté internationale ne s’implique vraiment pour la paix en RDC que sous dictée des capitalistes miniers. On observe plus d’une fois qu’Il y a un lien évident entre le financement de la paix-stabilité en RDC et la bonne santé du cours du métal rouge.

En 1964 le cours du cuivre amorce une montée qui se maintiendra jusqu’au début de 1975. En 1965, le coup d’état de Mobutu met fin aux désordres causés par les rebellions depuis 1960. On note qu’entre 1975 et 2002, le Congo n’intéresse pas grand monde, le cours du cuivre étant à son plus bas niveau. En 2002 le cours du cuivre connait enfin une montée. Cette fois-ci les milieux miniers savent avec certitude qu’il se portera bien et durablement. La promulgation du nouveau code minier en 2002 est donc dictée de l’extérieure car il fallait absolument un cadre avant que l’exploitation ne reprenne. Sur le plan politique tout sera mis en œuvre pour mettre un terme à la guerre grâce à la mise en place du fameux 1+4 qui s’avère être un raccourci vers la paix car il faut absolument que les capitaux miniers profitent de la bonne santé du cours du métal rouge. On remarque aussi que quand les troupes rwandaises et ougandaises sont sommées de se retirer fin 2008 – début 2009, (elles seront suivies de la neutralisation de Laurent Kunda), cela intervient quand le cours du cuivre est au-dessus d’USD 8500 dollars la tonne. Le cours du cuivre frôle le sommet historique de USD 11 000 la tonne au moment où a lieu l’élection présidentielle en RDC. En pareille circonstance peut-on prendre le risque de se débarrasser impunément d’un président originaire du Katanga ? Non évidemment ! Les représailles se limiteront à en faire un président mal élu et affaibli…du moins jusque-là. L’évolution du cours du cuivre décidera de la suite.

La vérité des urnes

Schématisons la vérité des urnes de la manière suivante :

Si Voix affichées aux Bureaux de vote, BVD (A) = Voix compilées dans les CLCR (B) = Voix publiées par la CENI (C) ;

On en déduit automatiquement que Voix BVD (A) = Voix publiées par la CENI (C)

Si le Centre Carter estime que c’est seulement le processus de compilation qui est à mettre en cause, comme il l’affirme ci-haut, cette étape peut être mise de côté et notre équation restera valable en comparant le premier terme au dernier. C’est manifestement cet exercice qui a permis au Centre Carter d’arriver à la conclusion que l’ordre des candidats ne changeait pas. La seconde formule sert de procédure compensatoire palliant aux insuffisances éventuelles de la compilation. Dès lors qu’il était arrivé à cette conclusion, avoir néanmoins en même temps consacré le ¾ de son rapport aux disfonctionnements de la procédure de compilation n’est pas innocent. L’application de la deuxième formule n’est pas possible si la CENI ne publiait pas cependant les résultats bureau par bureau. C’est pour cette raison que la Mission de l’Union européenne disait exactement ceci dans sa déclaration préliminaire post scrutin : « En outre, elle (la Mission UE) espère que la CENI respectera son engagement de publier les résultats détaillés par bureau de vote afin de garantir la transparence du processus électoral. » (Lire du même auteur www.digitalcongo.net « Election en rdc : le Centre Carter mis à nu »).

Pourquoi, dès que la CENI satisfait à cette condition, affichant les résultats du scrutin BVD par BVD l’opposition congolaise et l’Eglise ne s’en servent pas pour montrer leur attachement à la justice et à la vérité en rendant public le résultat de leur propre comparaison Voix BVD = Voix publiées par la CENI

? On peut en déduire que dès lors que cet exercice ne va pas dans le sens de la confirmation de la fraude et de la tricherie on préfère ne pas en parler. Les témoins étaient pourtant bel et bien dans les bureaux de vote et la Mission UE le confirme. Elle écrit : « Les témoins des candidats/partis politiques ont assuré une représentation pluraliste dans la grande majorité des bureaux de vote observés. Des cas d’accès refusé à des témoins par des présidents de bureaux de vote ont toutefois été rapportés par les observateurs dans 10% des bureaux de vote visités. » Evidemment, 5 exemplaires du PV prévus par la procédure ne pouvaient être distribués à tous les témoins dont le nombre s’élevait à plus de 11000 en moyenne par bureau de vote. Interrogez ceux qui ont servi de témoins aux candidats et aux partis politiques : ils vous apprendront que le dépôt du PV, d’une copie de ce dernier ou du résultat affiché au BVD d’affectation tenait lieu de rapport de mission justifiant l’accès au reliquat de leurs émoluments. Qu’a-t-on fait de ces PV ? La seule preuve en la matière (le PV) existe donc mais, elle ne correspond pas à celle dont on veut se servir pour établir la fraude. Et comme il n’en existe pas d’autre la machine bloque.

Une justice et une vérité à deux vitesses ?

Si Etienne Tshisekedi avait été proclamé vainqueur de ces élections par la CENI, imaginons que le Président sortant ait rejeté ce résultat au motif que l’élection était entachée de fraudes et irrégularités avérées. C’est une certitude que son attitude aurait provoqué un tollé général. Non seulement on lui aurait demandé de le prouver mais en plus obligation lui aurait été faite, conformément à l’article 75 de la loi électorale qui définit le degré de matérialité des irrégularités alléguées sur l’ensemble du scrutin, d’établir que la preuve apportée était susceptible d’entraîner l’annulation de ce dernier. C’est ça être respectueux de la loi et soucieux du triomphe de la vérité en toutes choses. Pourquoi dans la situation inverse les contestataires ne sont pas soumis aux mêmes exigences ?

Faudra-t-il annuler également l’élection de 2006 ?

La preuve ne sera jamais apportée

La publication des résultats de l’élection présidentielle a eu lieu au-delà de la date prévue pour permettre au professeur Jacques Djoli de confronter les résultats que la CENI s’apprêtait à publier avec ceux émanent des PV détenus par l’opposition qu’il représente au bureau de la CENI. Il a attendu en vain pendant 3 jours et s’est

résolu à signer publiquement le PV proclamant le résultat que tout le monde connait. Trois jours après la proclamation de ce résultat, le Cardinal Monsengwo Pasinya encouragera les contestataires de recourir aux voies de droit tout en précisant qu’ils pouvaient compter sur son assistance pour faire triompher leur cause en ces termes : «

Dans ce cadre, l’Eglise est moralement tenue à offrir son aide à la justice pour établir la vérité des urnes là où ont été ses observateurs. Que la Cour suprême se sente donc en conscience interpellée par le peuple Congolais tout entier. ». Le peuple a cru que même si ces contestataires ne croyaient dans la justice de leur pays, l’occasion d’un procès leur offrait un cadre idéal qu’aucun opposant au monde ne raterait pour un coup médiatique d’éclat mettant à nu la moralité du pouvoir en place devant les caméras du monde entier. Surtout que l’Eglise qui leur promettait son aide avait déployé 30 000 observateurs électoraux dans tout le pays. Au lieur de cela, on a vu un seul candidat s’amener devant la Cour Suprême avec une liste d’accusations sans la moindre preuve. Et quand on a vu sa trentaine d’avocats quitter la salle évoquant des vices de procédure, on a compris que les preuves attendues de l’Eglise n’était pas arrivées. Un mois et 10 jours viennent de s’écouler et ces preuves ne sont toujours pas là. Mais le ton monte toujours : on est parti d’un processus de compilation non crédible en passant par irrégularités graves, à grande échelle pour parler ensuite parler de fraudes et de tricheries (termes non utilisés ni par le Centre Carter ni par la Mission UE) avant d’ajouter la « planification » pour finir d’établir le crime.

Que dire des législatives ? Le chaos qui les caractérise n’établit pas la tricherie à la présidentielle. Il est tout simplement le fait que les candidats députés nationaux ont pris le contrôle des centres de compilation pendant que le Bureau de la CENI essayait de se dégager de l’étreinte du Centre Carter, profitant du non paiement et du minable statut de leur personnel.

Le combat de l’Eglise pour : des institutions fortes ou un homme fort ?

Le Président Kabila n’est pas le premier nationaliste à avoir maille à partir avec, non pas toute l’Eglise Catholique, mais plutôt quelques individus au sein de celle-ci. Il en a été de même avec son propre père et il en était ainsi déjà avec P.E. Lumumba. Ce dernier se plaignait d’eux en ces termes : «

Des évêques abandonnent leur mission d’évangélisation pour s’ingérer dans les affaires de l’Etat. Les Missions abandonnent leur mission pour mener une campagne d’obstruction à l’égard de l’Etat. Jour après jour, nous nous voyons insultés à travers leur presse. Ils ont porté gravement atteinte à la sûreté de l’Etat, ils ont commis des infractions graves…Et ce sont ces mêmes milieux catholiques et religieux qui, même récemment, pendant la campagne électorale, prêchaient contre les nationalistes. » (La pensée, p.289 et 290).

Les relations étaient de plus exécrables entre Lumumba et le Cardinal Malula. Rappelons-nous qu’en 2006 le Cardinal Etshou avait crié à la tricherie à l’élection de Kabila bien que la validité de celle-ci fût attestée par la Monuc et le même Centre Carter. Aujourd’hui la parole de la Monusco et du Centre Carter n’est pas loin d’être considérée comme infaillible en l’espace d’à peine cinq ans. Donc, le problème c’est plutôt l’élu !

Pour revenir au message de la CENCO, une seule lecture s’impose. Il faut y lire deux choses : d’abord l’expression de la solidarité des Evêques à leur paire sur la voie où il s’était déjà engagé. C’est ainsi qu’ils rappellent sa déclaration personnelle du 12 décembre. Il ne pouvait en être autrement, l’Eglise n’abandonne jamais l’un des siens. Mais au point 7 du message les Archevêques et les Evêques rappellent à leur paire ainsi qu’à l’opinion publique la mission de l’Eglise et ce que doit être sa position par rapport au pouvoir temporel. Ils disent, on ne peut plus claire : « Ce faisant, nous n’entendons pas prendre en main la bataille politique pour édifier une société la plus juste possible. Nous ne plaidons pas non plus pour un parti politique. Comme le recommande le Pape Benoît XVI, ‘l’Eglise ne peut ni ne doit se mettre à la place de l’Etat, mais elle ne peut et ne doit non plus rester à l’écart dans la lutte pour la justice’». Si l’absence d’un seul président à la cérémonie de prestation de serment du Président Kabila est significative, il n’en a pas été autrement lors de la livraison du message qui était plus qu’attendu par le Peuple et le monde. Sur les 50 Archevêques et Evêques que compte le pays, un seul Evêque, son propre auxiliaire, était aux côtés du Cardinal !

Frédéric Kabasele

Daniel MAKILA

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